Traduire en mots les ressentis … est parfois plus difficile que de tailler la pierre.
Des artistes se sont arrêtés, pour essayer de vous transmettre leurs sentiments, leurs émotions, leur ambiance intérieure.
Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, partagent leur passion de la sculpture-miroir, leur vision.
Il y a un avant et un après la sculpture-miroir.
Cliquez sur les images pour les agrandir !
Mon blanc, mes couleurs,
avec la massette et le poinçon,
première rencontre avec ma pierre,
première découverte de chemins ignorés.
A l’origine une discussion avec une amie qui me parle de la sculpture-miroir avec Michèle Guillain, suivie d’un après-midi porte-ouverte à son atelier … la rencontre a lieu !L’aventure commence.
D’abord choisir ma pierre dans la nursery, où dorment des dizaines de pierres. En voilà une qui me fait de l’œil, elle sera plutôt dure, j’en suis contente, je vais pouvoir me coltiner à la résistance, tester patience et persévérance.
Posée sur la sellette, ma pierre attend que je la déshabille, que je la débarrasse de son manteau de calcin. Les premiers coups de massette ne sont pas très assurés, le poinçon ripe.
Il me faudra du temps pour maîtriser le bon geste et faire entendre le tic-tic tic-tic, ce rythme régulier qui berce et déconnecte du mental.
Mon gros bébé est mis à nu, sur toutes ses faces et je l’emporte contre mon ventre jusqu’au miroir.
Sur ma sellette, j’ai eu beau scruter ma pierre, je n’ai pas aperçu de veines, est-ce que devant le miroir il en sera de même ?
Des veines, en voilà une, encore une autre ! Grâce à l’image en reflet apparaît l’invisible : je surligne au crayon ces chemins qui se croisent et contournent la pierre.
Mettre en saillie ou bien creuser dans ces surfaces délimitées ? J’apprends à accueillir la sensation qui se fait jour et à laisser mon intuition me guider.
Je vois ces deux petits creux, comme des orbites décalées. Ils m’intriguent, alors je creuse là, je m’enfonce dans la pierre, vers du blanc immaculé, … vertige !
Emportée par l’émotion, je vois une veine plus bas qui m’attitre, j’ai envie de creuser là, oui, tout du long, dans un mouvement enfiévré le souffle court.
Quelques semaines plus tard, de retour à l’atelier, je ne reconnais pas ma pierre, oh non ! Le dialogue est rompu !…
Confiance ! C’est devant le miroir que je me reconnecte de nouveau à elle.
J’apprends peu à peu à me faire confiance, à oser suivre mon intuition.. et lâcher mon mental contrôlant !
Un ange apparaît, je mettrai des jours à le reconnaître …
Un couvercle de pierre le surmonte, le protège.
A la base, la tête d’un personnage émerge de sa chrysalide.
A son côté, quelqu’un entame la montée du rocher.
Le couvercle, la chape, a sauté, les ailes de l’ange se déploient,
contre le dos de l’ange, un petit est allongé, entouré d’une anse de protection.
La femme se hisse au sommet. Plus tard, une spirale double et aérienne la reliera de la terre au ciel.
Et cette grosse boule à la pointe de la lune ?
Je me reconnais là, recroquevillée, alors … garder ou enlever ?
Enlever ! … Les tailles du poinçon retracent les anciennes cicatrices sur mon visage.
Peu à peu, la boule disparaît, je m’allège et je respire.